En juillet 2018, Les Amis du Parc Meadowbrook a tourné l’attention des médias vers le sort de la rivière Saint – Pierre qui traverse Meadowbrook. Une décision de la Cour Supérieure venait d’être rendue qui forçait la Ville de Montréal à cesser de polluer ce qu’il restait de cette rivière historique. Cela semblait une petite victoire, mais l’exécution s’est révélée un peu plus difficile.
La Ville de Montréal était au courant de la situation depuis 2002 selon des échantillons réalisés par le Réseau de suivi des milieux aquatiques. La pollution proviendrait de raccordements inversés de résidences de Montréal-Ouest et Côte-Saint – Luc qui sont reliées au système pluvial plutôt qu’au système sanitaire. Une étude menée par la Ville de Montréal du collecteur Toe Blake en 2014 a d’ailleurs repéré 250 raccordements inversés.
Il en coute de réparer ces raccordements : il faut d’abord trouver le raccordement fautif puis éventrer la route et creuser jusqu’au système pluvial qui se trouve généralement à une plus grande profondeur que le système sanitaire. Ces raccordements remontent souvent à la construction de la maison et les propriétaires actuels n’ont pas connaissance du problème. Qui doit payer la note alors ?
Puisque la situation perdurait depuis un bon moment déjà, la Cour Supérieure n’a accordé que deux années à la Ville de Montréal pour corriger le problème. La Ville en a appelé pour obtenir de plus longs délais, mais sans succès. Afin de respecter les délais, la Ville a choisi de dévier le collecteur Toe Blake pendant les périodes sèches. Le collecteur continuerait ainsi de jouer son rôle pendant les orages afin d’éviter les surverses et l’inondation des sous-sols. La Cour stipulait que la Ville devait obtenir un certificat d’autorisation du ministère de l’Environnement, mais comme nous l’avons appris, cela n’est jamais un problème, car le ministère ne refuse jamais un certificat à ceux qui en font la demande.
Montréal a procédé en février et comme nous nous y attendions, la rivière Saint-Pierre n’est plus la même. La Ville a promis que le niveau du collecteur serait ajusté afin d’éviter l’assèchement du cours d’eau. Plusieurs membres ont communiqué avec nous au fil des mois préoccupés du niveau de la rivière qui se résume parfois à des flaques non reliées entre des sections enrochées du fond du cours d’eau pour ensuite retourner à son cours normal après de fortes pluies.
Afin de comprendre comment l’alternance de périodes sèches et humides peut affecter cet écosystème, Les Amis s’est adressé au professeur Daniel Rivest de l’UQAM. Il nous a indiqué que cela empêcherait les macroinvertébrés benthiques de s’établir dans le lit de la rivière. Ces insectes, vers et crustacés sont de bons indicateurs de la santé d’une rivière ou d’un lac. Ils représentent un maillon important de la chaine alimentaire et une source de nourriture pour les poissons, les amphibiens et les oiseaux. Certaines espèces agissent comme filtreurs tandis que d’autres décomposent la matière et jouent un rôle dans le nettoyage d’un cours d’eau. Certaines peuvent survivre à la sécheresse, d’autre pas. Afi n de préserver cet écosystème et les animaux qui en dépendent, il serait important de protéger la rivière.
Études sur la rivière Saint- Pierre
Deux études ont récemment été publiées sur la rivière Saint-Pierre, la première par Les Amis du Parc Meadowbrook à l’ invitation de l’Istituto per la Bioeconomia du Consiglio Nazionale delle Ricerche pour une conférence internationale sur la réouverture des rivières qui aura lieu en décembre à Florence, Italie.
Pour en savoir plus sur l’histoire de la rivière Saint- Pierre, ses défis et son avenir, visitez
Nos membres Kregg Hetherington et Tricia Toso du Ethnography Lab de l’Université Concordia se sont aussi penchés sur la rivière dans un article publié récemment https://www.anthropocenes.net/articles/10.16997/ahip.6/
Bonne lecture!