Les Amis du Parc Meadowbrook célèbre 30 ans de pressions pour la création d’un parc sur le terrain de golf Meadowbrook à Lachine et Côte-Saint-Luc. Pour marquer cette étape, le groupe a créé une ligne du temps des évènements qui ont ponctué ces années que l’on retrouvera sous son site Web.
Quel périple ! On y retrouve au moins une demi-douzaine de projets résidentiels sur le site, trois poursuites judiciaires et un nombre équivalent d’appels. Trois commissions en ont recommandé la conservation. On y retrouve aussi toute une galerie de personnages, depuis l’architecte Phyllis Lambert, fondatrice du Centre canadien d’architecture, au promoteur Charles Bedzow, résistant de la Deuxième Guerre mondiale et propriétaire du terrain.
Presque tous les principaux groupes environnementaux de l’ile de Montréal y ont mis la main à la pâte : la Fondation David Suzuki, Greenpeace, CRE Montréal, le Sierra Club et la Coalition Verte. Emportés dans son sillage, on retrouve nombre d’institutions comme l’École d’urbanisme de l’Université McGill. Sans oublier de très nombreux citoyens. Ils étaient en fait si nombreux à se déverser d’autobus nolisés lors d’une réunion du conseil que la Ville de Montréal a dû fermer les portes de l’Hôtel de Ville.
Les premières années de cette lutte ont été tumultueuses. Les réunions du conseil de Côte-Saint-Luc étaient bondées et mouvementées. Les caméras télé roulaient ; les participants vociféraient et les gardes de sécurité appelaient la police en renfort. Des pétitions ont été lancées ; des tracts distribués de porte à porte. Les journaux relayaient ces faits d’armes.
Les divers intervenants y sont allés de mots choisis. Puisque le terrain de golf course est traversé et entouré de chemins de fer et qu’il voisine la plus grande gare de triage de l’est du Canada, la possibilité de déversements demeure une préoccupation. Ces mêmes chemins de fer limitent toute évacuation lors d’un accident ferroviaire. Afin de rassurer les acheteurs potentiels, l’un des projets résidentiels proposait des fenêtres munies de vitrage incassable et des systèmes de coupure de la ventilation. Ce qui a mené le conseiller de Côte-Saint-Luc, Glenn Nashen, à dire : « Quel charmant concept pour des résidences familiales. »
La petite histoire de Meadowbrook n’est pas non plus à l’abri des contradictions. En 2010, Montréal signait la Déclaration de la Communauté de l’ile de Montréal en faveur de la biodiversité et du verdissement lors du Sommet de la biodiversité qui se tint à Montréal. Le conseiller de Projet Montréal Peter McQueen en a profité pour présenter une motion pour conserver Meadowbrook. Sa motion a mordu la poussière lors du Jour de la Terre.
Meadowbrook a connu sa propre Greta Thunberg. Maya Fedida, étudiante à l’école secondaire Herzliah, a demandé au membre du comité exécutif Alan DeSousa de mettre un frein au développement et de faire de Meadowbrook un parc. Il lui a répondu en annonçant qu’il avait dit « Non » au promoteur. La Ville ne voulait plus le développement de Meadowbrook.
La ligne du temps révèle aussi sa part d’intrigue. Des négociations secrètes ont eu lieu avec le promoteur qui a aussi fait du lobbying illégal pendant des années pour faire avancer son projet.
En 2014, à la suite des audiences publiques sur le Plan d’aménagement et de développement de l’agglomération de Montréal, l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM) recommandait, de nouveau, la conservation de Meadowbrook. Pour faire accepter ces recommandations par le comité exécutif de Montréal, les citoyens se sont mobilisés : ils ont organisé des rencontres hebdomadaires pendant la saison des Fêtes, lancé une campagne de lettres au maire et téléphoné à chaque conseiller de la Ville de Montréal. Après des heures et des heures de travail acharné, victoire ! Le comité exécutif désigne alors Meadowbrook comme espace vert/récréatif. Un premier pas vers la création d’un parc.
La bataille de Meadowbrook ne s’opposait pas au développement résidentiel comme tel. Elle se préoccupait plutôt de l’accès aux espaces naturels. Meadowbrook est le seul endroit dans ce secteur de la ville qui puisse donner aux Montréalais un peu de répit de la vie urbaine. Nous passons une grande partie de notre vie en ville et nous avons besoin d’accès à la nature. Nous savons que les espaces naturels procurent des bienfaits à la fois sanitaires, sociaux et économiques.
Espérons que Meadowbrook ne mettra pas trente années de plus à devenir un parc !
-Al Hayek, membre des Amis du Parc Meadowbrook
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Compilé par Louise Legault, avec l’aide de Sally Cole et Al Hayek et conçu par Narges Haghighat.
Suit MEADOWBROOK AU FIL DES SIÈCLES – UNE LIGNE DU TEMPS D’UTILISATION DU TERRITOIRE par Angela Rahaniotis avec Sally Cole et Larry Paul