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Les travaux de déviation de la rivière Saint-Pierre ont commencé sur Meadowbrook-   Automne 2021

Préparation des travaux en cours : capture des couleuvres brunes, une espèce menacée Photo : Andy Dodge

La section encore visible de la rivière Saint-Pierre qui traverse le terrain de golf de Meadowbrook sera bientôt détournée vers un système de canalisation de drainage souterrain, mais son histoire n’est pas terminée pour autant. Les amis du parc Meadowbrook et leurs supporters se sont battus avec acharnement pour la sauver et ils n’ont pas perdu l’espoir que la rivière soit à nouveau ouverte à la lumière du jour quand la situation le permettra.

À la suite d’un ordre de la Cour, le conseil d’agglomération de la ville de Montréal a accordé un contrat de 1,5 million de dollars pour effectuer les travaux, qui devaient commencer en novembre, après la fin de la saison de golf. Une fois terminé, ce projet diminuera le bassin versant de la rivière de 96 %.

Le projet implique également l’enlèvement d’un certain nombre d’arbres, et le contrat précise que 24 arbres et de nombreux arbustes doivent être plantés pour les remplacer. Nous craignons qu’une partie ou la totalité des arbres soient des arbres centenaires et que cela ait également un impact important sur l’environnement.

Les Amis, le Conseil régional de l’environnement de Montréal (CRE-Montréal) et le Mouvement Ceinture Verte ont récemment écrit une lettre conjointe au ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC) pour demander que des mesures soient prises pour atténuer les dommages environnementaux causés par ces travaux. Nous avons demandé que la Ville de Montréal soit tenue de construire une structure de canalisation temporaire qui puisse être facilement enlevée pour permettre la remise en eau de la rivière une fois le problème de pollution résolu, et que la ville soit tenue de construire une installation pour capter l’eau de pluie et la canaliser de nouveau dans le lit de la rivière afin de soutenir la biodiversité locale. La réponse était décevante, le MELCC indiquant qu’il n’a pas les pouvoirs dans de tels cas puisque la juridiction en a été déléguée aux municipalités.

La rivière Saint-Pierre coulait autrefois des pentes du mont Royal, traversait Côte-Saint-Luc et se jetait dans un lac au pied de la falaise Saint-Jacques, pour se jeter dans le fleuve Saint-Laurent à Verdun. Au fur et à mesure de la construction des routes et des maisons de la ville, la rivière a été détournée sous terre dans le réseau d’égouts. La seule grande étendue d’eau qui reste à ciel ouvert est ce ruisseau, qui coule du collecteur d’égout pluvial Toe Blake d’un côté du terrain de golf et retourne dans un égout de l’autre côté. Les tuyaux d’égout mal fixés de certains immeubles et maisons de Montréal-Ouest et de Côte-Saint-Luc ont permis aux eaux usées et aux eaux d’égout brutes de s’infiltrer dans le réseau d’égout pluvial, polluant ainsi le ruisseau pendant de nombreuses années.

La société propriétaire du terrain, Groupe Pacific, a porté l’affaire devant les tribunaux. En janvier 2021, la Cour d’appel du Québec a ordonné à la Ville de Montréal d’empêcher toute eau, polluée ou non, d’être déversée sur le terrain de golf. Les représentants de la ville disent qu’ils ont les mains liées par la décision et qu’ils risquent d’être accusés d’outrage au tribunal s’ils ne la respectent pas.

Lors d’une réunion publique virtuelle à la mi-août, directrice du Service de l’eau de la ville de Montréal, Chantal Morissette, a expliqué que l’entrepreneur creusera à travers le terrain de golf, le long d’une servitude existante et installera une conduite souterraine, allant du collecteur Toe Blake jusqu’à l’autre côté de la propriété.

 

Photo: Nigel Dove

Un certain nombre de groupes et d’individus ont tenté de trouver un moyen d’empêcher cette issue. Les Amis ont lancé une campagne pour écrire au maire de Montréal à ce sujet, et 125 personnes, dont huit groupes environnementaux, ont jusqu’à présent signé une déclaration se faisant les gardiens de la rivière et de ses droits dans le cadre du groupe 200 mètres. Le CRE-Montréal a récemment publié un article dans le Bulletin Envîle Express en ligne. Soutenant que le plan n’a aucun sens, l’article souligne que la source de la pollution est connue et que des travaux sont en cours pour résoudre le problème. L’article ajoute que « la Cour d’appel n’a pas démenti que le ruisseau est un cours d’eau au sens de la Loi, un fait qui avait été établi précédemment par la Cour supérieure », et il suggère que la solution ordonnée par le tribunal entraîne des conséquences environnementales plus graves pour ce cours d’eau que le problème initial.

Les cours d’eau et les rivières augmentent la capacité des espaces verts à évacuer les eaux de ruissellement, notamment lors d’orages intenses ou en période de dégel, réduisant ainsi les risques d’inondation, et ils contribuent à rafraîchir la chaleur estivale. Ils constituent également des habitats importants pour de nombreuses espèces de plantes, d’oiseaux, d’animaux aquatiques et de micro-organismes, et leur présence contribue à la richesse de la biodiversité.

Au cours de l’été, la bibliothèque publique Eleanor London Côte-Saint-Luc a présenté une conférence sur le rôle important de la rivière dans l’histoire de Montréal. Un enregistrement de cette présentation est disponible sur la chaîne YouTube de la bibliothèque.

À faire de Meadowbrook un parc naturel du patrimoine urbain accessible à tous, il faut maintenant ajouter un autre souhait : que la rivière Saint-Pierre coule à nouveau sur Meadowbrook, libre de toute pollution, lorsque la situation le permettra.

Merci :

Les amis du parc Meadowbrook tient à remercier la Fondation Rivières, le GRAME, CRE-Montréal, le Mouvement ceinture verte, la World Wildlife Federation, Les amis du parc Angrignon, Sierra Club et le chercheur en histoire urbaine Justin Bur pour leur appui dans cette campagne.

Merci aussi aux villes de Côte-Saint-Luc et de Montréal, pour leur transparence.

Sauver la rivière Saint-Pierre. Un nouvel outil : la personnalité juridique

Dans notre lutte pour sauver ce qu’il reste de la rivière Saint-Pierre sur Meadowbrook, une des dernières sections encore visibles de cette rivière historique, nous avons cru bon nous outiller. La MRC de la Minganie et le Conseil innu Ekuanitshit annonçaient en février 2020 une déclaration de personnalité juridique avec neuf droits pour la rivière Magpie sur la Côte-Nord. Cela pouvait-il s’appliquer à une section de rivière historique de 200 mètres à peine en milieu urbain ?

À bien y songer, la Saint-Pierre fait face à un danger très éminent : le tronçon de 200 mètres qui traverse le terrain de golf pourrait s’assécher complètement à la suite d’une récente décision de la Cour d’appel qui interdit tout déversement sur le terrain de golf. Cela aurait pour effet de tuer définitivement la rivière.

Le conseil de direction de Les Amis du Parc Meadowbrook a adopté à l’unanimité le 8 avril la déclaration que vous trouverez ci-dessous. La déclaration stipule que la rivière possède neuf droits : le droit d’exister, le droit de couler, le droit de ne pas être polluée, le respect de ses cycles et de son développement naturels, le maintien de sa biodiversité, le droit de remplir ses fonctions essentielles au sein de son écosystème, le maintien de son intégrité, le droit à la restauration et à la régénération, et notamment à la réouverture, et le droit de défendre ses droits devant les tribunaux.

La rivière Saint-Pierre en des jours meilleurs

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DÉCLARATION

Nous, soussignés déclarons qu’à l’instar de la rivière Magpie, reconnue par la municipalité régionale de comté de Minganie et le Conseil des Innus d’Ekuanitshit en tant que personnalité juridique, nous désirons que la rivière Saint-Pierre qui coule sur le terrain de golf Meadowbrook à Lachine (lot 1 292 249) et dont le statut a été établi en Cour Supérieure par le ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (Meadowbrook Groupe Pacific c. Ville de Montréal dossier no. 500-17-079150-135), soit elle aussi reconnue comme personnalité juridique.

Ce cours d’eau est une des sections encore visibles de la rivière Saint-Pierre qui prenait sa source au mont Royal pour se jeter dans le fleuve Saint-Laurent à la hauteur de l’ile des Sœurs. La rivière a vu naitre Montréal et a fortement marqué sa destinée, que ce soit au chapitre du transport, de l’agriculture, de l’occupation du territoire et de l’industrie. Elle a payé le prix de l’urbanisation et de l’industrialisation et a été en grande partie enfouie dans le système d’égouts.

En tant que tel, nous voulons que lui soient conférés les droits suivants :

    1. Le droit d’exister
    2. Le droit de couler
    3. Le droit d’être à l’abri de la pollution
    4. Le respect de ses cycles naturels et de son évolution
    5. Le maintien de sa biodiversité
    6. Le droit de remplir ses fonctions à l’intérieur de son écosystème
    7. Le maintien de son intégrité
    8. Le droit à la restauration et à la régénération, notamment à la réouverture
    9. Le droit de recours aux tribunaux pour défendre ses droits

Nous déclarons que d’autres cours d’eau de Montréal devraient aussi obtenir ce statut et ces droits. Nous appuyons aussi entièrement la démarche de l’Observatoire international des droits de la nature pour faire reconnaitre le statut du fleuve Saint-Laurent et de ses tributaires auprès de l’Assemblée nationale.

Nous agirons en tant que gardiens de la rivière Saint-Pierre et la représenterons afin de faire valoir ses droits.

Et nous avons signé, en ce 8e jour d’avril 2021,

Les Amis du Parc Meadowbrook


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La rivière Saint-Pierre est l’un des 36 cours d’eau qui coulaient autrefois sur l’île de Montréal, mais qui sont maintenant enfouis sous terre. La déclaration stipule que les autres cours d’eau restants sur l’île de Montréal devraient également se voir accorder un statut juridique et des droits.

Nous avons demandé à des organismes partenaires et à nos supporters de bien vouloir la signer à leur tour et nous comptons déjà de très nombreux signataires.

Pour devenir gardiens de la rivière et de ses droits, nous vous invitons à nous le laisser savoir à lesamisdemeadowbrook@gmail.com

La bataille du Parc Meadowbrook : trente ans déjà

Les Amis du Parc Meadowbrook célèbre 30 ans de pressions pour la création d’un parc sur le terrain de golf Meadowbrook à Lachine et Côte-Saint-Luc. Pour marquer cette étape, le groupe a créé une ligne du temps des évènements qui ont ponctué ces années que l’on retrouvera sous son site Web.

Quel périple ! On y retrouve au moins une demi-douzaine de projets résidentiels sur le site, trois poursuites judiciaires et un nombre équivalent d’appels. Trois commissions en ont recommandé la conservation. On y retrouve aussi toute une galerie de personnages, depuis l’architecte Phyllis Lambert, fondatrice du Centre canadien d’architecture, au promoteur Charles Bedzow, résistant de la Deuxième Guerre mondiale et propriétaire du terrain.

Presque tous les principaux groupes environnementaux de l’ile de Montréal y ont mis la main à la pâte : la Fondation David Suzuki, Greenpeace, CRE Montréal, le Sierra Club et la Coalition Verte. Emportés dans son sillage, on retrouve nombre d’institutions comme l’École d’urbanisme de l’Université McGill. Sans oublier de très nombreux citoyens. Ils étaient en fait si nombreux à se déverser d’autobus nolisés lors d’une réunion du conseil que la Ville de Montréal a dû fermer les portes de l’Hôtel de Ville.

Les premières années de cette lutte ont été tumultueuses. Les réunions du conseil de Côte-Saint-Luc étaient bondées et mouvementées. Les caméras télé roulaient ; les participants vociféraient et les gardes de sécurité appelaient la police en renfort. Des pétitions ont été lancées ; des tracts distribués de porte à porte. Les journaux relayaient ces faits d’armes.

Les divers intervenants y sont allés de mots choisis. Puisque le terrain de golf course est traversé et entouré de chemins de fer et qu’il voisine la plus grande gare de triage de l’est du Canada, la possibilité de déversements demeure une préoccupation. Ces mêmes chemins de fer limitent toute évacuation lors d’un accident ferroviaire. Afin de rassurer les acheteurs potentiels, l’un des projets résidentiels proposait des fenêtres munies de vitrage incassable et des systèmes de coupure de la ventilation. Ce qui a mené le conseiller de Côte-Saint-Luc, Glenn Nashen, à dire : « Quel charmant concept pour des résidences familiales. »

La petite histoire de Meadowbrook n’est pas non plus à l’abri des contradictions. En 2010, Montréal signait la Déclaration de la Communauté de l’ile de Montréal en faveur de la biodiversité et du verdissement lors du Sommet de la biodiversité qui se tint à Montréal.  Le conseiller de Projet Montréal Peter McQueen en a profité pour présenter une motion pour conserver Meadowbrook. Sa motion a mordu la poussière lors du Jour de la Terre.

Meadowbrook a connu sa propre Greta Thunberg. Maya Fedida, étudiante à l’école secondaire Herzliah, a demandé au membre du comité exécutif Alan DeSousa de mettre un frein au développement et de faire de Meadowbrook un parc. Il lui a répondu en annonçant qu’il avait dit « Non » au promoteur. La Ville ne voulait plus le développement de Meadowbrook.

La ligne du temps révèle aussi sa part d’intrigue. Des négociations secrètes ont eu lieu avec le promoteur qui a aussi fait du lobbying illégal pendant des années pour faire avancer son projet.

En 2014, à la suite des audiences publiques sur le Plan d’aménagement et de développement de l’agglomération de Montréal, l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM) recommandait, de nouveau, la conservation de Meadowbrook. Pour faire accepter ces recommandations par le comité exécutif de Montréal, les citoyens se sont mobilisés : ils ont organisé des rencontres hebdomadaires pendant la saison des Fêtes, lancé une campagne de lettres au maire et téléphoné à chaque conseiller de la Ville de Montréal. Après des heures et des heures de travail acharné, victoire ! Le comité exécutif désigne alors  Meadowbrook comme espace vert/récréatif. Un premier pas vers la création d’un parc.

La bataille de Meadowbrook ne s’opposait pas au développement résidentiel comme tel. Elle se préoccupait plutôt de l’accès aux espaces naturels. Meadowbrook est le seul endroit dans ce secteur de la ville qui puisse donner aux Montréalais un peu de répit de la vie urbaine. Nous passons une grande partie de notre vie en ville et nous avons besoin d’accès à la nature. Nous savons que les espaces naturels procurent des bienfaits à la fois sanitaires, sociaux et économiques.

Espérons que Meadowbrook ne mettra pas trente années de plus à devenir un parc !

 

-Al Hayek, membre des Amis du Parc Meadowbrook

 

Cliquez sur le lien ci-dessous pour explorer de façon interactive l’histoire politique et environnementale de Montréal en trois sections avec photos, citations, coupures de presse originales et liens à des vidéos et autres documents. Bonne lecture!

Cliquez ici:  TRENTE ANS D’ACTIVISME ENVIRONNEMENTAL

Compilé par Louise Legault, avec l’aide de Sally Cole et Al Hayek et conçu par Narges Haghighat.

 

Suit MEADOWBROOK AU FIL DES SIÈCLES – UNE LIGNE DU TEMPS D’UTILISATION DU TERRITOIRE par Angela Rahaniotis avec Sally Cole et Larry Paul