Le 23 octobre 2021, Les amis et les membres de 200 mètres – Gardiens de la rivière Saint-Pierre et de ses droits se sont réunis au parc Toe Blake afin de rendre hommage à la rivière Saint-Pierre. Des travaux commenceront en novembre afin de dévier la rivière dans une nouvelle conduite souterraine, ce qui asséchera le ruisseau pendant une bonne partie de l’année.
Ce cours d’eau est une des sections encore visibles de la rivière Saint-Pierre qui prenait sa source au mont Royal pour se jeter dans le fleuve Saint-Laurent à la hauteur de l’ile des Sœurs.
Le photographe urbain Andrew Emond a surimposé le cours approximatif de la rivière dans les années 1800 sur la grille de rues moderne. La rivière avait déjà été déviée de son embouchure d’origine à la hauteur de l’ile des Soeurs.
Les participants ont célébré le cours d’eau en poésie et en musique. Le professeur Kregg Hetherington a tout d’abord lu un poème composé en 2010 par une résidente, Mary Ellen (Molly) Baker, PhD, qui se trouvait d’ailleurs sur place. Elle y relate ses souvenirs d’enfance dans les années 1940 alors qu’elle résidait à Montréal-Ouest et fait référence à la riche histoire de la rivière.
The Little St-Pierre River
Mary Ellen Baker
One last stretch of the little river
spills out from a culvert between the houses,
flows along the floor of a gentle valley
formed through eons of Spring flood.
The brook still burbles across the golf course in April,
attracts a hopeful pair of mallard ducks,
before disappearing into darkness under the railroad.
I remember when we were children
we picnicked by the living stream
when it still ran through green woods
and trilliums reflected bright sunlight.
Once, the seigneurs of Montreal, the Sulpicians,
diverted the little river eastward,
so it ran all the way to Old Montreal,
flowing into the St Lawrence
near where Governor Callière built his home.
Once, Samuel de Champlain walked
through the meadow at Pointe à Callière,
looking to build an outpost for fur trade.
“No place finer,” he said,
“here one might sow grain and do gardening;
level the ground and make it ready for building.”
Once, First Peoples paddled their canoes
into the little river’s quiet waters, camped in its meadows,
on the trading route between the Lakes and the Sea.
But now the little river runs underground in sewers,
one small stretch still singing the song of the city’s birth.
Mary Ellen Baker a écrit ce poème en 2010, à la suite d’une visite de Meadowbrook, s’inspirant de « souvenirs de pique-niques près du ruisseau il y a plus de 60 ans, lorsque Côte- Saint-Luc était boisé. Je me suis sentie interpellée par la beauté du ruisseau et le fait qu’il était en danger. »
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Ce fut ensuite un membre de longue date, Al Hayek, qui lut un poème de l’Américain Robert Frost, A Brook in the City (1921). Le poème, qui pleure la disparition d’un ruisseau en milieu urbain, s’avère tout à fait d’actualité. Il semblerait que nous n’avons pas tenu compte des avertissements du poète.
A Brook in the City
Robert Frost – 1874-1963
The farmhouse lingers, though averse to square
With the new city street it has to wear
A number in. But what about the brook
That held the house as in an elbow-crook?
I ask as one who knew the brook, its strength
And impulse, having dipped a finger length
And made it leap my knuckle, having tossed
A flower to try its currents where they crossed.
The meadow grass could be cemented down
From growing under pavements of a town;
The apple trees be sent to hearth-stone flame.
Is water wood to serve a brook the same?
How else dispose of an immortal force
No longer needed? Staunch it at its source
With cinder loads dumped down? The brook was thrown
Deep in a sewer dungeon under stone
In fetid darkness still to live and run—
And all for nothing it had ever done
Except forget to go in fear perhaps.
No one would know except for ancient maps
That such a brook ran water. But I wonder
If from its being kept forever under
The thoughts may not have risen that so keep
This new-built city from both work and sleep.
Les participants ont ensuite été invités à partager leurs pensées sur la rivière et le combat mené pour la sauver. Louise Legault de l’organisme 200 mètres a ensuite lu la déclaration de personnalité juridique de la rivière Saint-Pierre que vous retrouverez ICI.
Louise a aussi dévoilé la maquette d’une plaque (ci-dessous) qui rappellera aux Montréalais l’existence de la rivière Saint-Pierre et les incitera à rouvrir la rivière quand la situation le permettra.
En guise de reconnaissance territoriale, Isabelle Sawyer du Sierra Club a indiqué que Montréal est un territoire non cédé et avait été fréquenté par plusieurs groupes autochtones.
Les organisateurs ont réservé une surprise aux participants pour la fin de la cérémonie avec l’interprétation de Meeting of the Waters par le cornemuse Jérémy Tétrault-Farber.
Projet de plaque (concept Laura Cousineau, 2021)
La perte d’une rivière – vidéo
Vous retrouverez les faits saillants de cette cérémonie dans la vidéo réalisée par Patrick Barnard du Piment