Photos par Richard Dupuis
——————–
Préservons Meadowbrook: un projet pour 2010, l’Année Internationale de la Biodiversité
Le terrain de golf de Meadowbrook, cet îlot de verdure jouxtant la portion nord de Lachine et celle au sud de Côte-Saint-Luc, est un réel oasis de paix face aux interminables développements domiciliaires, usines, terrains ferroviaires et autoroutes. Couvrant une superficie de 57 hectares, parsemée depuis son origine de petites collines et ravins, ce paradis vert comporte des arbres majestueux qui sillonnent en rangées le terrain, de nombreux fourrés qui se faufilent dans les dénivellations et la Petite Rivière Saint-Pierre. Des lièvres, renards et autres petits mammifères y vivent depuis toujours et les vestiges de la grande forêt, jadis recouvrant l’île de Montréal, sont encore apparents.
Toutefois, la pérennité de ce site peut être compromise si le projet de développement de Meadowbrook dans la portion de Lachine se concrétise. Cet habitat naturel, un des rares qui subsiste encore, pourrait bientôt être transformé en rues, trottoirs, entrées de maison, logements, terrains de stationnement.
Il est impératif que Meadowbrook soit préservé car il ne subsiste aucun espace vert protégé entre le parc Terra Cotta à Pointe-Claire et le Mont-Royal. Le Sud-Ouest, englobant Meadowbrook, est également la région qui possède le moins d’espaces verts sur toute l’Ile de Montréal. Les 500 000 résidents de cette localité ainsi que tous les montréalais bénéficieraient grandement de Meadowbrook s’il était préservé à l’état naturel. Par ailleurs, Meadowbrook serait la clef de voûte du projet Trame Verte du Grand Sud-Ouest où il est question de relier par un corridor écologique la falaise Saint-Jacques aux nouveaux espaces verts envisagés près de Turcot et au fleuve Saint-Laurent.
La ville de Montréal se doit de préserver ce site en le transformant en parc nature, car il est la résultante logique de son Plan de Développement Durable adopté en 2005. La ville admet que pour développer une communauté urbaine viable, elle doit maintenir un équilibre entre les trois sphères constituant la base du développement durable, soit la sphère sociale, économique et environnementale.
L’orientation sociale du Plan de Développement Durable vise à rehausser la qualité de vie des citoyens. C’est précisément en leur offrant un lieu à proximité de leurs foyers, où les citoyens pourront se détendre dans un environnement naturel, où les enfants pourront communier avec la nature en y faisant des découvertes et où la marche, le ski de fond et l’observation des oiseaux sont à leur portée, que la viabilité de Meadowbrook prend tout son sens et son importance.
Mais l’impact social ne s’arrête pas là. En 2008, la BBC a diffusé un reportage à la suite d’une étude effectuée sur les espaces naturels et publiée dans le journal médical Lancet. Les résultats de cette étude ont démontré que le fait de vivre près d’un espace vert diminuait considérablement les maladies cardiovasculaires et autres maladies mortelles. Des études antérieures ont également souligné les bienfaits d’un environnement vert sur le stress et la pression artérielle. Les chercheurs ont été unanimes sur le fait que l’État doit fournir des espaces verts adéquats en milieu urbain afin d’accroître le bien-être et la santé de ses citoyens.
L’administration Tremblay doit respecter les engagements environnementaux décrits dans son Plan de Développement Durable. Le principe fondamental du développement durable est compromis et négligé depuis des années. Montréal fait piètre figure, par rapport à toute l’Amérique du Nord, quant à la protection de ses espaces verts. La ville affirme que 5% de l’Ile de Montréal comporte des habitats protégés mais ce pourcentage est bien inférieur à l’objectif international établi à 12%. En moyenne au cours des 15 dernières années, la ville a injectée seulement 2 millions $ par année pour la préservation de ses espaces verts; un maigre 1/20 de 1% de son budget annuel de 4 milliards $. Il est grand temps de remédier sérieusement à la situation.
Les coûts reliés à la préservation de Meadowbrook n’entraîneraient pas un poids financier excessif pour l’Agglomération. Le terrain de golf a été vendu en 2006 pour la somme de 3 millions $. Il faut également souligner que le projet de développement résidentiel sur le terrain de golf ne serait aucunement profitable aux résidents de Lachine puisque les revenus des taxes foncières, incluant ceux des nouveaux développements à venir, vont à la ville centrale: Montréal. Les habitants de cet arrondissement seraient quant à eux aux prises avec tous les inconvénients inhérents à un développement domiciliaire notamment un accroissement de la circulation, de la pollution, sans oublier une augmentation de la température qui s’ajouterait aux îlots de chaleur urbains. Par contre, la présence d’un parc à Meadowbrook aura un impact positif non négligeable sur la qualité de vie des résidents de Lachine.
Déambuler sur le terrain de Meadowbrook en hiver, permet de découvrir un nombre incalculable de traces de pas, d’empreintes de chiens et d’animaux sauvages et, de sillons laissés par les skieurs de fond…comme si les résidents avaient en quelque sorte littéralement votés avec leurs pieds pour que cet espace soit préservé. Cette volonté de sauver Meadowbrook perdure depuis plus de 20 ans.
L’Office de la consultation publique de Montréal (2004) et la Commission permanente du conseil d’agglomération sur les grands équipements (2009) ont tous deux recommandé vivement que Meadowbrook et la Petite Rivière Saint-Pierre soient préservés. En 2004, le maire Gérald Tremblay a lui-même promis de sauver Meadowbrook. 2010 est l’Année Internationale de la Biodiversité. Il est impératif que l’équipe Tremblay prouve son engagement au développement durable en protégeant et conservant Meadowbrook et en lui conférant la vocation de parc nature.
Al Hayek
Membre de Les Amis de Meadowbrook
www.lesamisdemeadowbrook.org
Tags: biodiversité, développement, durable, meadowbrook, preservation, tribune libre