Patrick Asch répond aux questions du CRE-Mtl

Par Patrick Asch

Voici les réponses d’origine aux questions du Conseil régional de l’environnement de Montréal parues dans leur article du 25 mars 2010. Leur appui en intégrant cette entrevue au bulletin EnvÎle Express est fort appréciée. Ils ont cependant, probablement par manque de place et de temps, coupé certains éléments et ajouté un paragraphe à la fin pas relié à l’article. Voici donc les réponses intégrales pour les intéressés.

1. Pouvez-vous nous décrire le site actuel de Meadowbrook ?

Le terrain Meadowbrook est à cheval sur Lachine et Côte Saint-Luc. Maintenant une propriété privée, le développeur indiquent qu’il a l’approbation de la ville de Montréal pour débuter le projet cette année. Le terrain est situé en haut de l’extrême ouest de la falaise Saint-Jacques, sur les rives d’un grand lac présent il y a 4000 ans. Il y a près d’un siècle il a été entouré par une cour de triage. Le propriétaire à l’époque, le Canadien Pacifique, le considérait non développable selon les règles environnementales en vigueur il y a un siècle. Pour cette raison, il décida de transformer les terres agricoles du secteur en terrain en golf.

Ce choix, les golfs étant à l’époque construit de façon bien plus douce qu’aujourd’hui, a permis la protection de divers éléments naturels uniques à toutes les villes et arrondissements du grand Sud-ouest de Montréal. Spécifiquement, le profil du terrain n’a pas été modifié. Il en résulte que le sous-sol n’a pas été modifié sur de grandes étendues. On note de plus que d’importants secteurs demeurent des plaines inondables, qu’un des derniers ruisseaux de Montréal, le petit Saint-Pierre le traverse, qu’un étang avec une population isolée de grenouilles s’y retrouve et que les lisières des verts abritent toujours un multitude de plantes typiques des forêts d’il y a un siècle dont une multitude de fleurs printanières et fougères.

Quant à la faune, en plus des renards, ratons et du chevreuil occasionnel, sa caractéristique la plus unique demeure la présence de passereaux en migration printanière. En effet, le terrain est situé directement par-dessus le principal corridor s’étendant du lac Saint-Louis, vers le parc Summit, le Mont-Royal, le jardin Botanique et les îles de Boucherville.

Un autre élément unique du territoire est son potentiel archéologique pouvant atteindre 4000 ans. En effet, en plus d’être identifié comme le site d’un camp iroquois sur divers vieux plans, le terrain est un véritable garde-manger pour amérindiens, comportant certains arbres grandement associés à la présence de villages amérindiens dont des caryers ovales et des chênes à gros fruits.

2. Les Amis de Meadowbrook défendent l’idée d’en faire un grand parc urbain depuis longtemps. Présentez-nous l’organisme et les arguments en faveur de sa position.

Malgré toutes les caractéristiques uniques tant historiques que naturelles du terrain Meadowbrook, l’élément le plus unique demeure probablement le fait qu’il n’y a aucun autre site aussi facilement naturalisable dans tout le grand sud-ouest de Montréal, aucun autre site qui peut réduire l’effet d’îlot de chaleur et de pollution atmosphérique de la cour de triage, des autoroutes et des quartiers industriels en amont dans le vent, aucun autre site qui pourrait permettre à plus de 500 000 résidents de la région environnante d’effectuer des loisirs de plein air en se déplaçant que quelques minutes à pied ou en vélo. La communauté a donc besoin de tels milieux et seul Meadowbrook pourrait répondre à la demande.

Plus important encore, dans un contexte où les résidents de la Communauté Métropolitaine de Montréal peuvent dépenser 1.85G$ annuellement à effectuer des loisirs de plein air et que de multiples études démontrent que la présence de milieux naturels ou naturalisés peut avoir des impacts majeurs sur l’image de marque et sur l’intérêt récréatif d’un quartier, le terrain Meadowbrook pourrait jouer un rôle majeur sur la mise en valeur et le revitalisation urbaine de villes et arrondissements environnants. Si on considère Meadowbrook comme un élément seul, la création d’un parc situé à quelques centaines de mètres à peine de la plupart du quartier pourrait devenir le moteur permettant la revitalisation du quartier, la raison pour laquelle les gens voudraient vivre dans le quartier Saint-Pierre de Lachine. De plus, si on l’intègre à la trame verte du Grand Sud-ouest de Montréal de 500 ha proposée par l’organisme Héritage Laurentien, alors le terrain Meadowbrook contribuera à l’image de marque et à la revitalisation de la région entière.

En somme, pour Meadowbrook, les amis de Meadowbrook voient un parc mettant l’emphase sur la contemplation de la nature, sur des loisirs légers et sur la protection du patrimoine naturel. Ce parc serait relié à une trame verte permettant à l’ensemble des résidents du Grand sud-ouest de Montréal de le fréquenter. Finalement les amis de Meadowbrook verraient un parc qui, dans les secteurs à potentiels archéologiques, protège le patrimoine et le met en valeur.

C’est pour cette raison que les amis de Meadowbrook existent depuis maintenant 20 ans.

3. Lors des consultations en juin 2009 sur la Politique de protection et de mise en valeur des milieux naturels, l’avenir du golf de Meadowbrook a été largement abordé. Où en est le dossier actuellement ?

Lors de ces consultations, tant la protection du terrain Meadowbrook que la création de la trame verte du grand sud-ouest ont été proposés par plusieurs intervenants et, ultimement, recommandés par les élus responsables de la consultation dans les termes suivants : « Que des mandats soient donnés à la Direction des grand parcs et de la nature en ville (…) de développer des scénarios visant la protection du site du golf de Meadowbrook et sa transformation et parc nature, en grand parc urbain ou en écoterritoire dans la perspective d’une trame verte reliant ce site à la falaise Saint-Jacques. »

Or, depuis, la Ville de Montréal n’a donné aucune suite à ces recommandations et refuse de contredire le propriétaire quand il dit qu’il a la permission de construire. Et ce, après une série de recommandations officielles et promesses au cours des années, entre autres : la Communauté Urbaine de Montréal a pris position pour sa préservation en 1989; M. le Maire Gérald Tremblay s’est engager à le préserver en 2003, l’Office de Consultation Publique de Montréal a recommandé en 2004 qu’il soit désigné comme écoterritoire.

4. Que peuvent faire les citoyens qui souhaiteraient appuyer la protection de l’espace vert ? Quelles actions sont posées par Les Amis de Meadowbrook ?

Présentement, les amis de Meadowbrook ont besoin d’appuis. Ils doivent démontrer aux décideurs politiques que la communauté veut protéger et mettre en valeur son patrimoine naturel et archéologique. Pour ce faire, une page facebook S.O.S. Meadowbrook, une blogue et un profil Twitter ont été créés tant afin de rassembler des appuis que de pouvoir annoncer des événements au cours des prochaines semaines. Sous peu, ces événements seront annoncés sur ces divers médias sociaux. L’important est de s’inscrire et de participer quand les événements seront annoncés.

Des bénévoles seront aussi requis. Certains avec une expertise en organisation d’événements, d’autres pouvant offrir de l’assistance générale lors d’événements publics. Les intéressés peuvent contacter les Amis de Meadowbrook à l’adresse sos.meadowbrook@yahoo.ca.

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