Montréal, le 29 juin 2018 – À la suite d’une décision de la juge Chantal Corriveau de la Cour supérieure du Québec (dossier 500-17-079150-135) du 7 juin, la cour « ORDONNE à la Ville de Montréal de déposer auprès du ministère du Développement durable, de l’Environnement, et de la Lutte contre les changements climatiques, une demande de certificat d’autorisation pour réaliser des travaux visant à mettre fin à toute contamination du ruisseau Meadowbrook dans un délai maximal de quatre mois à compter du présent jugement et d’avoir complété les travaux dans un délai maximal de 18 mois » ainsi que « de nettoyer les abords du ruisseau Meadowbrook sur le terrain de la demanderesse… dans un délai maximal de 24 mois du présent jugement. »
Bonne nouvelle, à première vue, que la réhabilitation de ce « ruisseau ». Le « ruisseau Meadowbrook », c’est en fait l’une des rares sections encore visibles de l’historique rivière Saint-Pierre.
Prenant vraisemblablement sa source sur le flanc ouest du Mont-Royal, la rivière Saint-Pierre coulait dans l’ancien lac Saint-Pierre (asséché lors de la création du canal de Lachine) pour ensuite se jeter dans le fleuve Saint-Laurent à la hauteur de Verdun. Elle fut détournée vers la petite rivière Saint-Pierre (le lieu de fondation de Montréal à Pointe-à-Callières) au 18e siècle pour alimenter des moulins à eau et fut finalement canalisée dans les égouts de Montréal au 19e siècle, car elle était trop polluée.
Voici que deux siècles plus tard, l’histoire se répète. Alors que plusieurs villes du monde mettent à jour les rivières enfouies sous des canalisations, il se pourrait fort que Montréal ait à recouvrir ce qu’il reste de la rivière Saint-Pierre sur Meadowbrook, car le cours d’eau est pollué et le temps presse.
D’où provient cette pollution ? Vraisemblablement d’un égout pluvial montréalais où se déversent des raccordements inversés de quelque 200 immeubles situés en grande partie dans les villes voisines de Montréal-Ouest et Côte Saint-Luc selon la Ville de Montréal.
L a cause occupe les tribunaux depuis 2013 alors que le propriétaire du terrain, Meadowbrook Groupe Pacific, poursuivait la Ville de Montréal pour la « forcer à cesser la contamination soit en canalisant le ruisseau ou par toute autre mesure assurant un résultat comparable ». Montréal a tâché de mettre en cause les villes de Montréal-Ouest et Côte Saint-Luc, mais la cour a refusé. La décision de la Cour supérieure signe pratiquement l’arrêt de mort de la rivière.
Groupe Pacific s’est porté acquéreur des 57 hectares de Meadowbrook en 2006 pour la somme de 3 millions $. Le prix reflétait les efforts inutiles du promoteur précédent, le Canadien Pacifique et ses filiales, à construire sur le terrain. Par cette plus récente décision, Groupe Pacific fait décontaminer son terrain aux frais des contribuables, en augmente la valeur ainsi que la superficie, s’étant débarrassé de la rivière qui le traversait.
Le MDDELCC ne devrait en aucun cas permettre l’enfouissement de la rivière. En fait, c’est tout le terrain qui est inondé au printemps, une gestion naturelle des eaux de fonte et de pluie, alors qu’il accueille les oiseaux migrateurs. Après les marais du Technoparc à Saint-Laurent et les travaux de l’échangeur Turcot le long de la falaise Saint-Jacques, voici un autre terrain sur le plan de vol des oiseaux migrateurs appelé à disparaitre.
Pour plus d’information :
Louise Legault, directrice, Les Amis du Parc Meadowbrook
lesamisdemeadowbrook@gmail.com